Contes du Pays d'Azur, par Edmond Rossi
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Il est aisé d’écraser, au nom de la liberté extérieure, la liberté intérieure de l’homme. [Tagore]

HEROIQUES ET LEGENDAIRES BARBETS

heroiques et legendaires barbets

La Révolution française déclenche dans le Pays de Nice où elle est importée, une «Chouannerie» animée par les Barbets, paysans montagnards qui combattent au côté des Sardes avant de se reconvertir dans le brigandage lors de leur démobilisation.
Au XVIIIème siècle, le Comté de Nice appartient au Royaume de Sardaigne, où, dès 1760, des réformes ont rendu caduques les institutions féodales. Région rurale à fortes pratiques communautaires, le Pays Niçois conserve un attachement inébranlable aux valeurs culturelles du catholicisme. Le peuple reste empreint d'une profonde religiosité incompatible avec l'athéisme républicain, apprécié seulement par une poignée de nobles citadins. La vente des biens nationaux acquise par une minorité bourgeoise sera perçue par les paysans comme une frustration.
Refuge des émigrés provençaux, Nice baptisé «le petit Coblentz» devient dès 1789 un foyer de contre révolution, dont les idées pénètrent une large couche de la population. Très vite, le poids des réquisitions ajouté aux pratiques déchristianisatrices active l'exaspération populaire. Les premiers signes d'opposition entraînent la répression brutale des volontaires nationaux de l'armée française, amplifiant les mouvements de résistance à une occupation étrangère à priori tolérée.

Ces explications du phénomène de refus de la Révolution sont prises et analysées ainsi, par le Commissaire Bertrand le 5 septembre 1798: «Les Français entrés dans le Comté de Nice purent parcourir avec des guides les communes du département, sans trouver aucune résistance. Ils étaient partout bien reçus, mais la conduite qu'ils tinrent à Utelle, Lantosque, la Bollène, Belvédère et Roquebillière fut cause que les habitants de ces communes et autres voisines prirent les armes pour défendre leurs biens, leurs femmes et leurs propriétés, les en chassèrent et les poursuivirent jusqu'à Utelle. Depuis cette époque s'est formée l'armée des Barbets qui ont tant inquiété les troupes françaises par leur brigandage...».
Les mêmes excès de l'armée française avaient été dénoncés, en leur temps, à la Convention, par le député Goupilleau, le 18 novembre 1792 : «Les vols, les pillages, les viols, les concussions arbitraires, la violation des droits de I 'hospitalité, la bonne foi trahie, la chaumière du pauvre insultée, l'impunité de tous ces crimes se continuent, voilà les fléaux qui affligent une région que vous avez rendue à la liberté et où vous avez voulu que les personnes et les propriétés fussent placées sous l'égide de la République française...».

L'Abbé Grégoire le 1er juillet 1793 reprendra le même thème accusant les horreurs «qui ont conduit au désespoir et provoqué des vengeances: beaucoup de ces malheureux, voyant leurs familles se traîner dans la misère, sont allés dans l'armée ennemie chercher du pain ou la mort».

Henri Sappia au début du XX ème siècle donne une description pittoresque de ces terribles francs-tireurs:
«Leur teint fort basané n'est pas embelli par les os saillants de leur figure en triangle: des sourcils fort épais au bas d'un front large et monteux rendent hagards les yeux dont les mouvements dans l'orbite sont bien loin d'être uniformes; leur tête est hérissée de crins que la dent du buis ou du faine n'a jamais divisés; quelques-uns uns même laissent croître leur barbe à peu près de la même espèce que leurs cheveux... Le costume... est le même, je crois depuis l'origine du...



Vue mer : crédit photo Aseed