Contes du Pays d'Azur, par Edmond Rossi
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La mort n’est rien. Ce qui importe c’est l’injustice. [Albert Camus]

LA FIN TRAGIQUE DE BEATRICE DE TENDE

la fin tragique de beatrice de tende

Voici plus de cinq siècles, le 14 septembre 1418, roulait dans la cour du château de Binasco, la tête tranchée de Béatrice de Tende, duchesse de Milan.
Cette fin tragique émut non seulement les chroniqueurs contemporains, mais au fil du temps nombre d’écrivains, poètes, artistes et musiciens qui battirent une légende autour du drame vécu par cette silhouette sortie du château de Tende.

L’ambiance vénéneuse où vécut Béatrice de Tende est constituée d’intrigues, de poignards et de poisons propres à la noblesse italienne de ce début du XVème siècle. Courtisans hypocrites, politiciens cyniques hantent ce décor de théâtre où elle sera glorifiée avant d’être happée, torturée et suppliciée jusqu’à la mort.
Elevée comme ses cinq frères dans le sombre château des Lascaris de Tende, Béatrice porterait son second nom de baptême, le premier étant celui de Catherine, elle l’aurait adopté en 1403 à l’occasion de son mariage avec le capitaine Facino Cane, âgé de trente ans, zélé défenseur du duché de Milan.
Ayant grandi dans le bruit des armes au château de Tende où s’imposait la dure réalité et une politique de fer, Béatrice n’est pas un personnage romantique, sensible au charme des ménestrels, mais une femme froide, déterminée qui suit activement les changements pour parvenir à favoriser sa fortune.

Facino Cane et Béatrice de Tende parcourent toute l’Italie du Nord à la tête d’une compagnie de mercenaires de plus de 10000 hommes, au nom de Giovanni Maria Visconti, duc de Milan. Ils s’emparent de Plaisance, Novare et Alexandrie, imposant par la force le pouvoir de leur maître. Giovanni Maria, au caractère ombrageux, en proie au délire de la persécution, se laisse entraîner par Facino qui lui suggère diaboliquement des actions propres à assouvir ses perfides vengeances. Facino et Béatrice deviennent ainsi les maîtres absolus de Milan.
Giovanni Maria, décrit comme brutal et sadique par les chroniqueurs de l’époque, élevant des chiens destinés à déchirer les prisonniers, qu’il se plaît à torturer lui-même, hante avec délice les geôles où il fréquente le bourreau, devenu son meilleur ami.
Facino pourrait alors s’emparer de la couronne ducale, mais il ne...



Vue mer : crédit photo Aseed