Ce qu’on appelle mouvements du cœur n’est que le mouvement irraisonnable de nos pensées.. [André Gide]
LA MULE DE LA BAOUMA
Il y a bien longtemps vivait à Énaux une très belle jeune fille nommée Sidonie Berton. Enfant unique ayant perdu son père, seule avec sa mère, elle subsistait grâce au produit de ses champs. Chaque année pour la Saint-Jean, toutes deux avec les quelques bêtes de leur troupeau elles quittaient le village pour s'installer à l'alpage, au quartier de la Valette. Là, la demoiselle gardait les vaches et aidait sa mère à fabriquer le beurre et le fromage. Pour tromper l'ennui et la solitude, elle pensait souvent et longtemps à l'avance aux réjouissances que l'on célébrait tous les ans à Villeneuve d'Entraunes pour la Saint-Pierre. C'était pour elle une occasion rare de se distraire et de retrouver les gens de son âge. Pour cette circonstance, elle avait préparé en hiver, et en secret de sa mère, une belle robe aux teintes éclatantes avec un corsage échancré, juste assez courte pour pouvoir sauter aisément la farandole. |