Contes du Pays d'Azur, par Edmond Rossi
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Nous sommes de l’étoffe dont on fait les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil. [Shakespeare]

LE TRESOR DE LA MAURE

le tresor de la maure

Chaque matin, la petite Margarita quittait le village de Saint Jeannet lorsque le chant du coq réveillait ses habitants, le clocher frappant les six coups de l'aurore.

Blondinette au visage clair parsemé de taches de rousseur, elle poussait devant elle son troupeau de vingt sept moutons et douze chèvres, encadré par Lilou actif et aboyeur. D'une main elle tenait son bâton et de l'autre, dans un torchon noué, une tranche de pain noir et quelques figues sèches pour attendre la soupe du soir.

A douze ans, Margarita était l'aînée des quatre enfants de la famille Trastour.
Elle vivait avec ses frères et sœurs chez son oncle et sa tante Raymond et Marie Bérenger, depuis qu'une mauvaise fièvre avait emporté son père et sa mère.

En ce jeudi matin du printemps 973, Margarita conduisait paître ses bêtes jusqu'à la bastide du Suy Blanc, située sur la colline dominant le Var, pour n ' en revenir le soir qu'à la nuit tombée.

La fillette connaissait toutes les étapes du long chemin qui, du Peyron, passait par le Bois et la Font du Renard, où les animaux pouvaient s'abreuver, avant de parvenir au col du Pilon, où l'oratoire rassurant de Saint-Michel annonçait le but.
L'air était chaud et les clarines tintaient en notes aiguës, soulignées par les aboiements joyeux de Lilou.

Parvenue au Plan du Bois, Margarita fit accélérer le pas, au souvenir des histoires de loups racontées par l'oncle Raymond les soirs à la veillée. Combien de pauvres voyageurs égarés n'avaient-ils pas été victimes d'agressions bestiales, dans ce sauvage quartier ? Leurs évocations...



Vue mer : crédit photo Aseed