Contes du Pays d'Azur, par Edmond Rossi
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Ce sont les passions et non les intérêts qui mènent le monde. [Alain]

LA LOUVE NOIRE

la louve noire

C’est au milieu de la nuit que s’acheva la veillée. Mon grand-père s’était encore surpassé en nous racontant pour l’énième fois ses souvenirs de la Grande Guerre, alors que militaire du XV ème corps, sa bravoure et celle de ses compagnons avaient été mises en doute par un officier vindicatif.
Sorti de la douce moiteur de l’étable où nous étions réunis, je regagnais la ferme de mes parents sans avoir allumé le « lanternin » tant la clarté de la lune était vive.
Le froid m’avait très vite saisi et j’avançais à petits pas prudents sur le chemin gelé encadré d’un ourlet de neige.
Alors que j’approchais du hameau du Mounard, une lueur soudaine attira mon attention. Entrouverte et aussitôt refermée, la porte de la maison d’Augusta laissa échapper une ombre qui se dissipa dans la nuit. Intrigué, je m’approchais pour n’apercevoir sur la neige que les traces de pattes d’un animal, sans doute un chien, que je décidais de suivre avant de les perdre à la sortie du village.

Augusta, veuve solitaire n’avait pourtant pas de chien mais plutôt la compagnie de chats, noirs de préférence ! Cette étrange femme connue sous le sobriquet de « la masca » ( la sorcière) à cause de ses dons de guérisseuse et de voyante qui avait fait sa renommée dans tout le canton.
Estimée et crainte à la fois, elle savait enlever le mal, mais aussi le donner si on le lui demandait. Femme sans âge, toujours vêtue de noir, elle sortait rarement chacun lui livrant en rétribution de ses services le nécessaire et le superflu.

Le lendemain, j’avisais mon grand-père de cette curieuse vision nocturne. Celui-ci hocha la tête avant d’ajouter : « Ceci ne m’étonne guère, nous étions le vendredi soir et de plus tu nous as quitté un peu avant minuit. Si tu veux en savoir plus, il te faudra patienter une semaine et guetter de nouveau à...



Vue mer : crédit photo Aseed