Contes du Pays d'Azur, par Edmond Rossi
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Le succès nourrit leur audace : ils peuvent parce qu’ils croient pouvoir. [Virgile]

LA CHASSE AUX TRESORS

la chasse aux tresors

De tout temps, l'homme a rêvé trouver un trésor qui mettrait fin à sa misère croyant que dans le sol dorment inutilement des magots insoupçonnés. Paul Arène a symbolisé cette conviction des populations provençales dans son conte «La chèvre d'Or». L'auteur l'a rencontrée près de Vallauris sur le plateau des Encourdoules «semé d'étranges ruines et d'où la vue s'étend si belle par delà les bois d'orangers». Il aurait pu tout aussi bien la croiser en de nombreux autres lieux du Comté de Nice. Sur la côte comme dans les vallées, la tradition veut en effet qu'un trésor mystérieux soit enfoui quelque part dans la terre.

Depuis l'Antiquité, une chèvre d'or ou un veau d'or serait caché près du col d'Eze et du mont Pacanaglia sur le plateau de Sembola en bordure de la célèbre voie héracléenne. Selon la légende, les Sarrasins auraient eux aussi enterré une chèvre d'or, plus près de Nice vers les Quatre-Chemins. Les Infidèles auraient caché divers trésors dans la région de Menton: dans la ville même, à la tour Valetta, à Saint Roch, à l'Ubac Fossan, sur la route de Menton à Sospel (à Monti), sous les ruines de la chapelle Saint Pancrace près de Gorbio, à la Madonnette et au col de Peille...
La légende de Saint Hospice reflèterait une tradition analogue. Les Lombards croyaient que le vieil ermite gardait jalousement un trésor caché dans la presqu'île de Saint Jean. Pour le lui faire avouer, ils posèrent sous ses pieds des barres de fer rougies au feu. Comme l'ermite se contentait de prier, un barbare leva sa hache sur la tête du vieillard et son bras se raidit.
On a cru longtemps qu'un fabuleux trésor gardé par des esprits gisait dans le souterrain de l'antique château d'Ascros. Nul n'avait jamais osé s'y aventurer jusqu'en 1793, où des soldats de la Révolution se moquant de ces superstitions firent sauter l'entrée à la dynamite. Après avoir déblayé l'accès, ils visitèrent les galeries et ne trouvèrent qu'un énorme tas de blé calciné. Sans doute la provision de grain du seigneur Grimaldi, atteinte en 1621, lors de l'incendie du château d'Annibal par les troupes de Savoie.
Les vieillards de Bairols transmettaient à la veillée la croyance d'un trésor caché dont la découverte tirerait la population de la misère.
«Un jour, annonçaient-ils, une fleur rouge se montrera au bout d'une tige, sortant d'un de ces tas de pierres qui bordent les champs, pour révéler la présence d'un trésor enfoui à cet endroit».

L'historien Bouche rapportait l'aventure d'un gentilhomme provençal, venu prospecter à Cimiez dans la propriété de Jean Baptiste Gubernatis sur les conseils d'un sorcier niçois: «Après avoir fait ses invocations, le magicien fut vu emporté en l'air, bien battu et entendu pleurant avec de grands cris et lamentations. Finalement remis à...



Vue mer : crédit photo Aseed