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Exposition Corine Sylvia Congiu
Du 15 février 2018 au 10 mars 2018

Corine Sylvia Congiu
« Croquer ! »
Vernissage jeudi 15 février de 18h à 20h
Exposition jusqu’au samedi 10 mars 2018
Entrée libre
Du lundi au samedi de 14h30 à 18h30

Croquer !
Planter les dents dans une pomme, en sentir juste la saveur, le goût, la senteur, le jus. A peine, sans encore mastiquer, ingérer, digérer…
Croquer un corps !
Quelques lignes, à peine. Juste suggérer, frôler, sans en exténuer le sens. Comme le désir, instant de pur inassouvissement qui n’a pas encore trouvé la réalisation. Sans forcément l’envie d’aller plus loin, sans exhaustivité, sans peut-être même y penser, séduction, appel à jouer.

On oppose souvent Figure et Abstraction. Pourtant, la période du formalisme montre que les figures pouvaient aussi être abstraites, chaque artiste faisant sa spécialité de la déclinaison d’une seule figure (Barnett Newman, Albers, Pollock, Buren, BMPT, Fontana…) ou d’une seule couleur (Soulages, Ryman, Klein…). Le mot « figure » suppose l’existence de deux termes, ce qui est figuré et ce qui figure, c’est-à-dire l’existence d’un sens symbolique que la peinture formaliste refuse généralement.
Les nommer figures c’est donc les recharger d’un sens symbolique et les impliquer comme vocabulaire de signes, (dans une tradition qui remonte à Kandinsky et par lui au Traité des couleurs de Goethe).

Ma peinture, mes dessins, mes vidéos, performances, romans, ont pour concept commun une interrogation sur l’être et le devenir, sans manifeste, dans ce qu’Umberto Ecco nomme une oeuvre ouverte1. (Opera aperta, 1962)

« Alors que l’Art Moderne n’aime pas l’éclectisme (accusé parfois de dilettantisme) de l’artiste jouant de plusieurs pratiques, dans l’Art Contemporain, l’oeuvre n’est pas réduite à l’objet (peinture, vidéo, performance, éléments de documentation sur l’oeuvre, écrits divers). C’est la déclinaison d’un concept abstrait qui constitue l’oeuvre véritable. Il y a une redéfinition de l’art et de l’artiste, où celui-ci n’est pas confiné dans une seule pratique mais met en jeu plusieurs techniques qui trouvent leur cohérence par un discours les unifiant.]
Mon travail ne joue pas sur le sensationnel ou le scandale que l’on peut parfois attendre selon le paradigme de l’Art Contemporain (Cf. Nathalie Heinich). Il se présente comme une résistance à certaines formes d’art qui ont coupé les amarres avec le public, dans sa frénésie à n’être plus que la fuite en avant d’une réflexion sur l’art qui perd de vue ce qu’il y a de profondément humain.

Cette série de dessins érotiques, insolite en regard du gros de ma production, a été le fruit de la pure liberté et fantaisie, du hasard de l’existence, qui ne s’embarrassent pas des pseudo-devoirs où le marché de l’art incite dictatorialement à une cohérence de moyens pour que le collectionneur s’y retrouve. Ces croquis à l’encre de chine ont été réalisés d’après photos plus ou moins pornographiques prélevées sur internet, que le travail de l’ellipse restitue à l’érotisme.
On m’a – je me suis – demandé pourquoi cet érotisme uniquement féminin, pourquoi uniquement des corps de femmes face à mon désir hétérosexuel… comme si cette série n’était destinée qu’au désir masculin. Mais non.
Sans doute y a-t-il là, davantage que le désir de l’autre, quelque chose de l’ordre de la parade amoureuse qui y préside, posture intensément féminine au moment de la pariade humaine.
Corine Sylvia Congiu, janvier 2018

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