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Hanne Elf, des roses, malgré tout !
Du 12 septembre 2014 au 4 octobre 2014

Vernissage le jeudi 11 septembre de 16h à 21h.

Des roses, nonobstant / en hauteur d`été / … / l`or sur ma peau / et les roses mortes / après la nuit (Rose Ausländer)
Personne ne nous re-pétrira de terre et de limon / personne ne bénira notre poussière / personne … un rien / nous étions, nous sommes, nous resterons / en fleur : la rose de rien, de personne (Paul Celan).

Pour cette nouvelle exposition à la galerie Depardieu Hanne Elf présente de nouvelles oeuvres de sa série sur la rose. Elle traite d’autres facettes de cette fleur, emblème de toutes les fleurs. Les significations et les différents aspects de sa symbolique sont innombrables, une multiplicité de mythes, de légendes et d’histoires lui sont liés ainsi qu’à son origine : La rose est issue des gouttes de sang de Jésus, des larmes de Marie Madeleine ou des gouttes de sueur du prophète Mohammed. Elle se formait du sang de l’Adonis ou de la mousse de mer qui a adhéré au corps d`Aphrodite. Elle est née du sourire d’Amor et des larmes rouges de Vénus. Elle a fleuri à l’aide de Chloris, la déesse grecque des fleurs, d’une nymphe inanimée et les dieux les plus puissants l’ont doté de beauté, de nectar suave, de grâce, de gaieté et de joie.
Elle est la manifestation du divin.

Elle est le symbole du féminin où se mélangent Vénus, la déesse de l’amour et à la mère de dieu Marie, dite « la rose du paradis », la rosa mystica. Elle est amour et beauté, sensualité comme spiritualité, sa couleur blanche et rouge symbolise innocence et péché, vie et mort.

Tous ces différents sens forment le fond complexe des nouveaux tableaux d’Hanne Elf qui partent de la beauté de la rose, mais qui la rompent souvent par sujet ou par sa façon de procéder.
Il y a des photos en grand format des floraisons et des bourgeons en beauté magnifique, comme en défleuraison élégiaque (« des plantes vont » – Julien Green dit « les roses meurent ».), mais également de nombreuses peintures, où la plante réelle est à peine visible. Toutes les oeuvres de cette série se basent concrètement sur différents types de roses comme point de départ et montrent comme niveau le plus bas des feuilles et floraisons en différentes formes et couleurs, souvent fortement modifiés, métamorphosés, couverts avec beaucoup de couches de couleurs. Parfois même les floraisons de couleur sont transformées en formes noires, les silhouettes ont été estompées et couvertes avec des nouvelles couleurs. Mais, malgré tout, ce sont des roses.
Mais le titre de cette nouvelle série ne peut pas seulement s’interpréter ainsi. « Des roses, malgré tout » fait aussi référence au poème de Rose Ausländer Des roses, nonobstant et plusieurs travaux montrés à cette exposition l’ont pris comme motif. Les poèmes de Rose Ausländer et de Paul Celan sont des points de repère importants de la nouvelle série d’Hanne Elf, en liant la reine des fleurs aux catastrophes fondamentales du vingtième siècle.
Il s’agit de la guerre, du fascisme et de la Shoah. Au poème « changement » de Rose Ausländer, les roses ont disparu, ils n’existent que des épines (nous sommes devenus des épines dans les yeux étrangers). Pour Celan, la rose est devenue « la rose de ghetto » ou « la rose de personne », la rose de non-être. L’homme n’existe plus, il est oublié et un vis-à-vis transcendant est indisponible.
Avec les peintures en petit format « 14 », Hanne Elf se réfère à la poésie et à la peinture du temps de la première guerre mondiale. Elles sont faites avec le matériel qui était disponible aux artistes pendant la guerre, le papier, le crayon, le charbon et les Gouaches. Mais, même à cette époque, les roses ont fleuri, malgré tout.
La rose devient un archétype de la totalité, dans lequel les contradictions se dissolvent. Elle représente la roue de la vie ; devient le symbole pour surmonter la mort ; devient un signe de bon augure, un porte-bonheur.

Toutes ces oeuvres ont été faites en conscience des difficultés de peindre des fleurs à notre époque. Est-ce, pour modifier Adorno, après Verdun, Auschwitz et toutes les catastrophes suivantes, effectivement encore possible ?

Outre ces tableaux un peu sombres qui s’occupent aussi de finalité de l’existence, il y a d’autres plus gais, plus colorés comme celui sur le conte la Belle au bois dormant ou sur le livre pour enfants Le monde est rond de Gertrude Stein (une rose est une rose est une rose…). La couleur bleue choisie en souvenir de la couleur du favori de la personne principale, de la fille rose, peut comme citation de la plus vieille représentation de rose de l’histoire de l’art : fresque avec oiseau bleu.
Hanne Elf utilise souvent la forme de base de la rose, le pentacle. Les philosophes pythagoriques admiraient déjà cette étoile pentagonale comme symbole mystique au plus profond pour la santé et pour la cognition et il est considéré jusqu’à aujourd’hui comme le signe de la vie éternelle. Dans la mystique celtique-germanique, il devrait protéger contre les puissances occultes et, au moyen âge, contre les démons. Ses cinq pointes ont symbolisé les cinq blessures Christi.
Il est aussi le signe du nombre d’or dans l’architecture et la peinture.

On peut ainsi découvrir beaucoup de couches et niveaux dans les nouvelles oeuvres d’Hanne Elf, correspondant aux significations multiples du symbole de rose, constamment changeantes et tout à fait ambivalentes qui ne s’excluent pas, mais se complètent à un tout homogène lyrique.

Harald Mann

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